« La LORRAINE » de Lunéville est née le 21 juillet 1872.
Doyenne des sociétés, elle est après « la Vosgienne » d’Epinal, la plus ancienne des sociétés de gymnastique.
Tandis que Lunéville subissait l’occupation allemande au lendemain du désastre de 1870, un groupe de dix jeunes gens décida de suivre l’initiative d’Henri WUCHER et de fonder une société de gymnastique pour assurer la formation physique et morale des jeunes Lunévillois et de contribuer au relèvement de la patrie. Les noms de ces fondateurs sont perpétués par une plaque de marbre au Gymnase Charles BERTE. Rappelons-les : MM. Henri et Emile WUCHER, Emile KOFFMILLER, Léon DOLLE, Joseph MERCY, Philippe LASSALLE, Gustave PIERSON, Ernest MASSON, Ad. CLESSE, L. SIMEON. Parmi ceux-ci, signalons tout particulièrement Henri et Emile WUCHER à qui « La LORRAINE » est redevable d’avoir subi avec succès l’épreuve de la durée.
M. Eugène PAZ de Paris fut nommé président d’honneur, et Louis MAJORELLE président actif de la jeune société dont Henri WUCHER assuma les fonctions de chef de gymnastique.
Le 21 septembre 1873, « La LORRAINE » participa à la fondation de l’Union de Sociétés de Gymnastique de France (U.S.G.F transformée en F.F.G. = Fédération Française de Gymnastique en 1945) dans laquelle le numéro 3 lui fut affecté après la Nationale de Paris et La Gauloise de Reims.
En dépit des interdits jetés par les autorités allemandes, son activité se développa en, en 1875, « La LORRAINE » participe à la 1ère fête fédérale à PARIS.
En 1876, le docteur Antoine JOB prend la présidence. Il devait la conserver jusqu’à sa mort en 1917.
En 1877, Émile KOFFMILLER succéda à Henri WUCHER dans les fonctions de moniteur général tandis qu’Émile WUCHER était nommé chef de gymnastique. Sous leur direction, « La LORRAINE » prit part à plusieurs fêtes fédérales ; Epinal, Besançon, Nancy, Lyon…
C’est à Lyon en 1894, qu’Edmond BONTEMPS, moniteur adjoint à Émile WUCHER, devenu moniteur général, devint Champion de Tir U.S.G.F.
Le 13 décembre 1903, « La LORRAINE » participa à la fondation de l’Association des sociétés de Gymnastiques et de Tir de Meurthe et Moselle qui devient, en 1921, la fédération Lorraine des sociétés de gym et de sports (l’actuelle Ligue Lorraine depuis 1945). Elle engagea des sections dans tous les concours qu’elles organisèrent. Les prix et les diplômes que décorent notre bureau attestent qu’elles cueillirent une moisson de lauriers grâce au dévouement et à la compétence des moniteurs et à la direction d’Émile WUCHER qui devint vice-président en 1906, demeurant jusqu’à sa mort en 1932 un guide très avisé pour notre société.
Après ses fils, Marcel et Maurice, son petit-fils, François continue aujourd’hui, au sein de notre comité dette tradition d’un long dévouement.
Edmond BONTEMPS avait remplacé Émile WUCHER à la tête des sections en 1906. Excellent gymnaste, pédagogue averti, animateur inlassable, il consacra à l’entraînement de ses gymnastes tous les loisirs que lui laissait son commerce de chapellerie rue Banaudon. Les anciens de « La LORRAINE » se rappelle toujours avec émotion sa bonté, sa générosité qu’il savait allier avec un ferme commandement exercé jusqu’aux approches de sa mort.
1914-1918 : la guerre, la proximité du front mirent les activités au ralenti. Sur les champs de bataille 21 membres trouvèrent la mort en combattant, parmi eux 2 instructeurs : Auguste FINNIGER et Ferdinand GLASTER.
Les sections reprirent leurs activités en 1919. Un ancien gymnaste, René COLLE était instructeur aux cotés d’Edmond BONTEMS. Une nouvelle épreuve vient frapper la société en 1924 : la mort accidentelle de Pierre LENDERLIN qui assumait depuis 2 ans la présidence, la privait prématurément d’un concours actif et dynamique.
L’année 1935 vit la fondation par Marcel WUCHER et René COLLE du Groupement Amical des Anciens Gymnastes de « La LORRAINE » pour apporter un encouragement matériel et moral aux membres actifs de « La LORRAINE » et maintenir et développer les relations amicales entre les anciens. Grâce au dévouement de ses fondateurs et de son comité, ce groupement n’a jamais cessé de donner un appui très efficace à toutes les activités de « La LORRAINE ». En cette même année 1935, Edmond BONTEMPS, fut nommé président directeur, Marcel WUCHER, vice-président et René COLLE moniteur général.
Hélas Edmond BONTEMPS ne devait pas avoir la joie de présider l’organisation du 29ème Concours de la fédération Lorraine qui se déroula les 15 et 16 juillet sur notre stade. Son état de santé l’avait obligé à quitter la présidence au début de l année. Sa mort, survenue quelques semaines plus tard, fut un deuil pour toute la cité. A ce 29ème concours, nos sections étaient dirigées par René COLLE qu’assistait brillamment une équipe de moniteurs formés par Edmond BONTEMPS : Charles MOSBACH 1er au concours des moniteurs de Nancy, breveté à DINARD), Gabriel DIZIER (1er à NANCY), Henri PIERRON (2ème à NANCY), André BELLIER (1er à NANCY, 3ème à DINARD).
La guerre vint ajouter de nouveaux noms au mémorial de « La LORRAINE » : la perte de plus durement ressentis fut celle de Charles MOSBACH qui avait été à plusieurs reprises, champion de la fédération LORRAINE tout en brillant également sur les terrains d’athlétisme (Il avait approché d’un centimètre le record de Lorraine du saut à la perche). Cependant grâce à René COLLE et à Henri PIERRON les sections continuèrent leurs entraînements pendant l’occupation allemande et des manifestations organisées au stade et au théâtre jetaient un éclat patriotique au milieu des jours sombres. Le ballet de matelots, alertement enlevé par nos gymnastes étalant les trois couleurs nationales sur leurs pimpants costumes, en demeure l’un des instants mémorables.
La fin des hostilités trouva la société prête à déployer son activité. L’initiative d’André BEILLIER, devenu Moniteur général à la retraite de René COLLE, amena le comité à créer en 1946 une section féminine qui passa ensuite sous la direction dévouée et compétente de Mme KLEIN et égale bientôt en importance la section masculine.
Ce fut aussi à cette époque la création du « Cabaret-Artistic-Lorrain-Gym », véritable music hall se produisant sur 38 scènes de la région pour financer les déplacements sportifs (Championnat de France à Nice…) d’une clique dirigée par LLORET et GRANDEMANGE d’une adjonction pendant quelques années de nouvelles sections : athlétisme et cross, basket, haltérophilie, qui deviendront ensuite autonome. « La LORRAINE » comptait alors 300 membres actifs dont 237 gymnastes répartis en 6 sections. Au départ d’André BELLIER, tour à tour Ernest MALAGOLI, Jacques THUILLIER, et Jacques CROMER entrainèrent les sections masculines, Albert CROIXDESSUS les pupilles, Renée KNEUBUHLER les pupillettes. Tous démontrèrent aux championnats de Lorraine, aux concours départementaux, à la fête fédérale de Nice et dans maint festival la valeur permanente de la formation reçue par nos gymnastes.
Les effectifs accrus et l’apparition de sections féminines posèrent rapidement le problème des locaux au comité. Grâce à la bienveillance de M. BISIAUX, Maire de LUNEVILLE, une ancienne écurie aux 31ème dragons fut proposée à « La LORRAINE ». Le zèle des anciens s’y déploya et fit merveille pour aménager une salle vaste et commode en plein centre ville. Inaugurée le 1er mai 1949, la salle WUCHER-BONTEMPS, du nom de ceux à qui « La LORRAINE » doit sa vie et sa durée donne depuis 23 ans l’espace nécessaire aux entrainements des gymnastes dirigés par le Moniteur-Chef Jacques CROMER assisté par Roger JORDAN.
En 1962, « La LORRAINE » organisa les championnats de Lorraine de la ligue en accueillant au stade 37 sociétés lorraines et 2 sociétés belges et luxembourgeoises.
En 1971, « La LORRAINE » vient de déménager son siège en quittant le local, entresol situé entre l’ancien gymnase et le salon des Halles où durant tant d’années s’étaient réuni son comité pour s’installer dans une salle de l’ancienne école Germain Charrier, rue de la république.
Tout ce travail, toute cette disponibilité ont permis à notre société de s’adapter à l’évolution extraordinaire que connaît la gymnastique depuis des années. Aujourd’hui plus encore qu’hier, elle est un art qui assure à ses pratiquants un développement harmonieux ; elle demeure une école de courage, de volonté, de persévérance dans l’effort ; un art où la perfection est plus difficile à acquérir que dans la plupart des sports ; elle vit grâce au dévouement et à la science pédagogique de ses moniteurs et monitrices ; grâce au soutien vigilant de ses jurés et des ses comités ; grâce à l’encouragement de ses amis.
Foyer de travail en commun où chacun apporte le meilleur de soi-même, qu’il soit gymnaste, technicien ou dirigeant, foyer d’amitié et de confiance réciproque, telle doit être une société de gymnastique, telle est « La LORRAINE ».
Sans montrer de redis, elle franchit avec allégresse son premier centenaire pour être demain comme depuis 1872 au service de la jeunesse de notre ville.
En cette date mémorable, elle se recueille dans le souvenir de ses anciens, dans le regret des deuils qui l’ont tant affligée en 1967 par la mort de Marcel WUCHER, en 1969 par celle de René COLLE. Elle exprime sa reconnaissance à l’égard de tous les amis qui l’ont aidée, soutenu dans son action de ceux qui lui ont accordé un généreux et constant parrainage.
Puissent les exhibitions de la garde républicaine susciter de nouvelles vocations de gymnastes parmi les jeunes de Lunéville que « La LORRAINE » est prête à accueillir pour les entraîner vers un complet épanouissement suivant des traditions qu’un siècle n’a jamais affaibli.